J'étais restée dans mon dernier billet sur une devinette concernant cet objet
Je vous avoue que la 1ère fois que j'ai vu cet objet à Madère, j'ai pensé comme certains d'entre vous, à une sorte de cuillère à miel ou à huile... et puis bien évidemment curieuse comme je suis sur tout ce qui concerne la cuisine, j'ai fini par demander ce que pouvez être cet instrument êtrange.
Et sans nulle doute : il m'en fallait un absolument.
Donc sans plus attendre : il s'agit d'un Caralhinho Mexelote. Vous me direz avec le nom nous voici bien avancé, alors je vais vous expliquer.
Le Caralhinho Mexelote est un "mixeur" à boisson en bois de fabrication artisanale (le lien vous montrera comment on le sculpte).
Son importance provient du fait qu'il sert à confectionner le fameux poncha, dont j'avais évoqué le nom à la fin de mon billet sur le pudim de veludo. Mais on vous dira aussi qu'il peut servir à mixer la limonade maison ;o)
Voilà le mystère est levé, mais je vais garder certaines de vos idées, dont celles d'en faire un embout pour faire des formes de tréfles dans des gâteaux, que je trouve très sympa.
Le Poncha, est avec le vin de Madère, une des boissons typiques et populaires, préparée avec de l’aguardente de canna, de miel ou de sucre et de citron ou du fruit de la passion.
Le Poncha aurait pour origine une boisson apportée au 18ème siècle à Madère par les marins britaniques, appelée "panch", qui est une boisson découverte aux Indes par les marins britanniques au 16ème siècle. Le mot "panch" signifie «cinq», pour les cinq ingrédients du punch indien ou arak, soit : thé, citron, cannelle, sucre de canne et alcool. Boisson indienne que je vous avez déjà évoquée dans mon billet sur les Punschrullar (le punsch suédois découlant lui aussi de l'arak - comme quoi le monde est petit !).
On peut trouver le Poncha tout fait
mais mieux, on peut le faire maison en utilisant de l'aguardente de canna (eau de vie de canne), qui est une variante de rhum blanc (désolée pour les puristes), obtenue par une distillation de canne à sucre.
La recette de Poncha au fruit de la passion que je vous donne ici et celle que nous avons goûté en tout 1er à Madère, elle est issue du livre de Julio Pereira : "Gastronomie de Madère".
Bien évidemment, elle est à consommer avec modération, surtout lorsque l'on sait que l'aguardente de canna est entre 40 - 50% vol !
Poncha de maracujà
Ingrédients
2 fruits de la passion (personnellement j'en ai mis 4, car ceux que l'on trouve chez nous sont souvent petits et peu fournis en pulpe)
1 cuil à soupe de sucre (ici , j'ai fait local avec un sucre rapporté de Madère)
25 cl d'aguardente (que l'on peut remplacer par du rhum blanc)
Verser dans une carafe ou un pichet mesureur la pulpe des fruits de la passion et le sucre,
à l'aide du Caralhinho Mexelote ou à défaut d'une cuillère en bois assez grosse mélanger le tout
jusqu'à ce que le sucre soit complétement dissous.
Ajouter l'aguardente ou le rhum blanc,
et mélanger de nouveau jusqu'à obtenir une liquide crémeux.
Servir bien frais.
: Poncha_de_maracujà
English version of recipe : Poncha_de_maracujà
Voilà maintenant que vous étes confortablement installés et avant que l'alcool n'est fait son effet... Voici de nouvelles photos de Madère, où cette fois, je vous emméne en randonnée sur le bord des levadas.
Les levadas sont des canaux d'irrigation creusés ou créés à flanc de montagne typique de l'île de Madère. Il existe plus de 1400 km de levadas sur l'île. Leur construction parfois périlleuses a débuté au 15ème siècle et la plus récente a été construite en 1970. Au Parque tematico da Madeira, on peut voir une exposition de photo sur la façon dont elles ont été construites, avec des travailleurs accrochés par de simple corde sur des tombants de centaine de mètre. Je vous met ici un lien pour voir de ces photos.
Certaines sont totalement praticables et aménagées pour permettre de magnifiques et époustouflantes randonnées, mais ce n'est pas le cas de toutes les levadas.
Celles que nous avons faites, étaient praticables avec des enfants en bas âges, à condition de faire attention. Mais certaines levadas ne sont pas faisables avec des enfants, et requièrent des capacités physiques dignes de la haute montagne. Donc il faut bien se renseigner avant de partir.
Voici deux exemples de levada que nous avons parcouru :
Levada Do bom sucesso près de Funchal
C'est la 1ère randonnée que nous avons fait, et pas forcément la plus jolie. Elle commence au téléphérique du jardin botanique de Funchal et longe la levada Do bom sucesso pour arriver en pleine ville près du jardin des orchidées de Funchal.
Cette randonnée est donnée pour 2h10, mais avec des enfants en bas âge compter 1 heure de plus, en raison de la dénivelée montante et descendante importante par la suite. Elle est bien marquée et se fait sans souci, même si parfois on a l'impression d'être en pleine nature sauvage. Elle a l'avantage aussi d'être très ombragée, ce qui n'est vraiment pas un luxe.
Elle commence par une balade en forêt,
puis par une montée et une descente assez longue sur des escaliers de rondins de bois.
Et enfin à la traversée d'un pont, on arrive sur les bords de la levada.
On marche à partir de là soit sur le muret de la levadas (comme sur la photo ci-dessus),
soit sur un petit chemin au bord.
Le passage est sécurisé, mais il faut tout de même faire attention,
car il y a entre 100 et 200 mètres de hauteur.
La levadas se termine en ville en passant d'abord aux bords de micro jardins
où nous avons fait une sympathique rencontre, puis entre les maisons de la ville.
Pour contraster, voici à mon sens avec la balade de la Pointe de San Lourenzo, la plus belle balade de levada à faire avec des enfants.
Levada de Caldeirao verde
Toute proche de Santana, c'est une balade très facile car elle n'a quasi aucune dénivelée et franchement on s'en prend plein les yeux. C'est spectaculaire !
Elle est donné pour 4h30, mais pareil avec de jeunes enfants il faudra compter plus car elle est assez longue puisqu'aller-retour elle fait 12 kilomètres. Mais elle peut faire passer une magnifique journée d'explorateurs en herbe en la sectionnant avec des haltes piques-niques ou 4 heure.
Très important, il vous faudra prendre des lampes de poche, car il y a 4 petits tunnels à passer, dont on ne voit pour certains pas la sortie (attention aux têtes !). Je dis bien petits tunnels, car dans certaines randonnées de levadas, on trouve des tunnels de plusieurs kilomètres de long (dont celui de Caldeirao inferno qui fait 2,5 km - mais on n'a pas testé car cette randonnée est beaucoup périlleuse à entreprenre avec des enfants).
Nous l'avons débuté au niveau du parking du Rancho Madeirense (sur la route du Pico Ruivo à partie de Santana). C'est un centre d'équitation et d'hébergement fait de petites maisons typiques que je vous avais montré dans mon précédent billet. (Aucun avis sur l'hébergement car nous étions en location ailleurs).
A partir du Rancho Madeirense, il faut prendre la direction du Parque das Queimadas via un chemin de randonnée au travers de la forêt.
A vous dire la vérité, cette partie là n'a rien d'exceptionnelle : c'est une balade en forêt, et vous pouvez sans rien y perdre commencer la randonnée à partir du Parque das Queimadas, où on peut se garer en voiture.
Le Parque das Queimadas est constitué de jolies maisons à toit de chaume,
et à noter c'est le seul endroit où vous trouverez des toilettes ;o)
On peut y pique-niquer parmi les oiseaux qui, habitués au passage des visiteurs,
n'ont pas peur de venir vous chiper du pain.
Personnellement, vu la longueur de la randonnée qui suit, mieux vaut faire la pause pique-nique plus loin.
A gauche : Ce sont des Isoplexis sceptrum ou digitales de Madère, puisqu'elles en sont endémiques.
Ce sont de veritables arbustes, qui peuvent atteindre 2 mètres de haut facile. Celles-ci sont au pied d'une des maisons de Parque das Queimadas, mais si vous étes attentifs, on en voit pendant la balade.
(très haut sur les parois - je vous ai mis une photo plus loin)
Bon, vous pourrez aussi en voir au Jardin exotique de Roscoff, qui pour les amateurs, en vend des plants.
Passer la mare aux canards de Queimadas, on arrive sur le début de la véritable randonnée vers la cascade de Caldeirao verde.
Ici, impossible de se perdre : il n'y a qu'un chemin longeant la levada entre la montagne et le bord ou le vide !
Pour certains passages, on est heureux qu'il y ait pas mal de végétations pour ne pas voir la hauteur (le passage est toujours protégé à ces endroits - le souci était le croisement avec d'autres randonneurs pas toujours évident), pour d'autres endroits c'est un chemin en bord de montagne n'ayant rien d'impressionnant.
à droite : des digitales de Madère à flanc de montagne.
Et du point de vu paysage, lorsque l'on arrive au niveau de la vallée de la Ribeira Grande, c'est simplement spectaculaire !
Et le moment super sympa avec les enfants, c'est la tranversée des tunnels à la lumière de la lampe électrique ! Cela devient un vrai chemin d'explorateur ;o)
Et au bout du chemin, la récompense c'est la cascade gigantesque de Caldeirao verde
avec une eau limpide, mais gelée !
Si vous regardez bien en bas à droite de la photo, il y a des gens, ce qui permet d'avoir une idée de la taille.
Après avoir grignoter un morceau et profiter de l'endroit :
il ne reste plus qu'à reprendre le même chemin pour rentrer.
Pour les plus expérimentés et si vous n'étes pas en fin de journée,
c'est de là que part la randonnée de Caldeirao inferno,
dont rien que le nom est parlant (des piles de rechange sont impératives à cause du tunnel de 2,5 km)
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